Lexique

Matière:

En pédagogie perceptive, la notion de matière est souvent utilisée. Elle fait référence au corps vivant, animé, en mouvement, en lien avec le mouvement interne. Une matière rendue consciente par l’attention qu’on y porte et la sensation d’incarné qui en découle.

En ce sens, la limite, l’acceptation courante d’une différenciation entre matière et énergie n’est plus si évidente. L’énergie ne semble-t-elle pas devenir matière lorsque nous la ressentons ? Et la matière devenir énergie, lorsque nous ressentons son animation dans le corps ? Les émotions que nous assimilons généralement à de l’énergie ne sont-elles pas véritablement « matière » lorsque nous en ressentons les impacts dans notre corps physique (et même notre pensée) : un cœur serré, un estomac noué…

Cette matière est donc conscience, conscience corporelle et psychique à la fois, que l’on peut ressentir dans le corps. Cela m’apporte une nouvelle perception du monde « physique ».

Mouvement intérieur:

C’est un synonyme du mouvement interne définit par Danis Bois.

Mouvement interne:

Le mouvement interne est une notion qui a d’abord été définie par l’ostéopathie. Mais selon Danis Bois, si « l’ostéopathie s’adresse à la vitalité qui s’exprime dans le corps […], elle ne prend pas suffisamment en compte la dimension psychologique de la personne, prégnante même dans le tissu » (Bois, 2008, p.34).

Par mouvement interne, D. Bois désigne une mouvance profonde, autonome et plus lente que le mouvement interne des ostéopathes, qui peut être ressentie dans le corps. Elle peut être ressentie dans tous les tissus (os, muscles, fascias…) de manière indifférenciée. C’est l’expression d’une force de vie animant toute chose dans l’Univers, que nous pouvons percevoir tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du corps.

Le développement de la perception, pratiqué en Pédagogie Perceptive, conduit à faire l’expérience du mouvement interne, mouvement porteur de présence et d’un goût d’incarné de la « matière » du corps. Son ressenti renforce le lien entre nos dimensions matérielle et spirituelle puisque ce mouvement est considéré comme Principe originel ou Essence du vivant à la base de tout mouvement ou expression dans le monde manifesté, c’est-à-dire dans le monde matériel tel que nous l’appréhendons avec nos sens. Cette perception transforme ainsi le rapport à soi et au monde.

En tant qu’enseignante de Yoga, je pourrais m’avancer à dire que le mouvement interne correspond au ressenti incarné et subjectif du Prâna, terme sanskrit désignant « le Souffle de Vie » ou « le Principe vital », équivalent du « Chi » ou « Qi » pour les chinois et japonais.

En Danse du Sensible, nous utilisons aussi le terme de mouvement intérieur pour désigner ce mouvement interne.

Potentialité (ou Pouvoir de guérison du mouvement interne):

Le mouvement interne peut être considéré comme porteur de guérison en lui-même. En effet, l’apprentissage à rentrer en relation avec ce mouvement permet de développer son potentiel de guérison. Danis Bois écrit : « Pour ma part, j’aborde la notion de mouvement interne comme étant une animation de la profondeur de la matière portant en elle une « supra conscience »(15) et constituant un nouveau mode de connaissance » (Bois, 2008, p.39).

On touche ici à la notion de potentialité développée par D. Bois à partir du concept de nombreux psychologues américains tout au long du 20ème siècle. D. Bois s’est inspiré de Carl Rogers qui intègre largement la notion de mouvement dans son approche thérapeutique : « Un même principe de vie anime l’individu et l’Univers, y créant le mouvement, selon un processus directionnel qui lui est propre. » (Dartevelle citant Rogers, 2003). Rogers développe ainsi le concept de tendance actualisante comme étant la tendance à la transformation constructive de l’organisme de tout individu : « Il y a dans tout organisme, à quelque niveau que ce soit, un flux sous-jacent de mouvement vers la réalisation constructive des possibilités qui lui son inhérentes » (Laronde, « La relation d’aide selon Carl Rogers », 2015-2018, p.2)

Si Rogers semble avoir l’intuition d’une potentialité incarnée dans le corps, avec l’approche de la Pédagogie Perceptive, « la potentialité est une réalité tangible et perceptible dans le corps […] sous la forme du mouvement interne envisagé dans sa fonction de principe de renouvellement. […] C’est un force de changement qui conduit toujours vers une amélioration, un mouvement interne au corps qui invite aussi à la modifiabilité cognitive » (Bois, 2008, p.38). Pour Danis Bois, la potentialité est une véritable « faculté propre à l’être vivant » (Ibid.). Bien entendu, cette force constructive de l’être humain doit rencontrer des circonstances favorables car elle n’est pas « à l’abri des difficultés du monde extérieur ou des représentations de l’individu (éducation, société, croyances…) » (Ibid. p.33). C’est toute la démarche de la Pédagogie Perceptive qui se veut créer ce contexte favorable pour incarner en soi la potentialité du mouvement interne par une démarche consciente. Car comme le dit Varela : « La capacité d’un sujet d’explorer son expérience n’est pas donnée, n’est pas spontanée. C’est un véritable métier qui demande un entraînement, un apprentissage » (Laronde, 2014, p.32).

Sensible (le):

La notion de Sensible est à la base de la Méditation Pleine Présence®, du Yoga et de la Danse du Sensible. Notion développée par D. Bois à la fin des années 90, elle est une expérience de perception particulière qui fonde la pratique de la Pédagogie Perceptive.

Le Sensible peut être défini comme une manière d’être à soi et au monde qui s’appuie sur la perception du mouvement interne que l’on ressent dans le corps. C’est le lieu d’expérience de l’Être dans le corps. Le Sensible désigne alors, à la fois « la qualité des vécus de contenu offerts par la relation au mouvement interne, et la qualité de réceptivité de ces contenus par le sujet lui-même » (Bois, Austry, 2009, p.107). « De là, ce que l’on appelle le « corps sensible » comporte à la fois l’expérience du mouvement interne et l’apprentissage que le sujet en fait. » (Laronde, « Pédagogie perceptive et somato-psychopédagogie : principes fondamentaux », 2015-2018, p.4)

« En règle générale, que ce soit en philosophie ou en neurosciences, la perception sensible est toujours entrevue dans un rapport au monde extérieur ou à un objet à travers les organes des sens, en particulier les sens visuel et tactile. Ici, je l’inscris toujours dans un rapport à certaines manifestations vivantes de l’intériorité. Je ne parle plus alors de perception sensible, dévouée à la saisie du monde, mais de perception du Sensible, émergeant d’une relation de soi à soi et qui donne accès au mouvement interne. » (Bois, 2009, p.24-25). Ainsi, le Sensible conduit vers une conscience de soi renouvelée car la personne s’appuie désormais sur un ressenti interne et non plus extérieur à soi. A un certain stade, lorsque le Sensible se développe et s’incarne profondément, il permet le renouvellement de soi dans la relation.

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