De l’orgueil…

femme-domptant-panthere-noireComme une algue dans l’eau, elle ondule au raz du sable, modelée par les courants, puis ses bras se raidissent, le visage se crispe comme subitement frappé par un mal intérieur, ses gestes deviennent plus lourds, vifs et tranchants. S’appuyant avec force sur le sol, c’est une sorte de lutte intime et pudique qui s’engage. Comme il est venu, cet intrus intérieur repart, laissant place à une mélancolie maternelle, l’appel de la terre, de la sécurité du ventre et de l’amour inconditionnel de celle qui a donné naissance, nourri, porté, bercé, embrassé… La danseuse se relève finalement sur ces pieds, cette fois pleine de l’assurance heureuse d’un cœur bien nourri. Elle parcourt le sol de ses pieds avec gaîté et em-bras-se l’air avec simplicité, ses hanches marquent un rythme tranquille et posé, sa colonne impose une stabilité sécurisante, elle part à la découverte du monde.
femme-sous-l-eauSoudain, les vertèbres se tordent dans d’étranges ondulations, la tête et les jambes emportées si vite dans un chaos de douleurs et d’émotions, tout le corps est dépassé par cette puissance, la danseuse se laisse tomber dans cette vague d’un côté à l’autre de la salle, de l’horizontale au sol, à la verticale… Et d’un coup, elle se reprend et se montre presque virile, forte, combative, comme signifiant à cette ombre : tu ne crois pas que tu vas m’avoir quand-même !? Et ce qui m’est apparu, c’est l’orgueil de la situation ! Cette émotion, c’est moi et je lui dis : « Non, je suis plus forte que toi ! Reste là où tu es, cachée dans l’ombre, je ne veux pas te voir t’exprimer ! C’est moche, çà n’est pas digne, c’est in-montrable » ou « Tu n’es pas moi ! », « Je ne veux pas de toi ! ». Cela a duré un temps, et puis finalement, ce fut la capitulation, l’abandon à nouveau à cette force de l’ombre. Et dans cet abandon, une toute nouvelle couleur du mouvement qui émerge, une douceur et puis une infinie tendresse. Accueillie, l’ombre avait disparue !

Merci chère danseuse. Mon ressenti était tien, sauf l’orgueil qui était mien !

N’y a-t-il pas orgueil à penser que je peux me débarrasser de cette ombre? Ne suis-je pas ombre et lumière ? Alors pourquoi ne pas m’accueillir ainsi… ?